Descenseur social valléen dans les Alpes

valorisations foncières altitudinales et redistributions démographiques

Résumé

Les phénomènes de gentrification touristique, ou encore les processus de métropolisation et de migrations d’agrément identifiés dans les Alpes invitent à questionner la transposabilité des approches géographiques des rapports de domination urbaine à la montagne. Existe-t-il des clivages de l’espace entre résident.es permanent.es, saisonnier.ères et résident.es secondaires ? La mise en perspective des données qualitatives recueillies au cours de deux thèses portant à la fois sur les parcours résidentiels dans les hautes vallées alpines (2019) et des communes-supports de station touristique (en cours d’achèvement en 2024) mettent en lumière une mécanique de descenseur social valléen dans la dernière décennie, soit un déplacement des résident.es permanent.es vers le bas de vallée ou ailleurs, où l’hébergement touristique (la résidence secondaire, le pied à terre du socio-professionnel, le logement saisonnier) gagne le parc résidentiel en altitude. Si la valorisation foncière reste un facteur non négligeable, l’économie saisonnière, le niveau de service et les choix résidentiels des ménages peuvent également participer aux migrations valléennes. Les rapports de domination qui activent le descenseur social valléen pourraient être alors davantage liés aux paradoxes des intentions des acteurs qui vivent et décident en montagne, qu’à la résultante d’une confrontation entre des classes sociales distinctes. Cette ambivalence entre, d’un côté, l’adhésion à une coalition de la croissance, la rente et la montée en gamme, et, de l’autre, le sauvetage d’une vie locale à l’année, cherche à se résoudre dans un modèle de l’entre-deux où la multi-résidentialité et la saisonnalité pourraient se standardiser en montagne, en l’absence d’autres alternatives.